Cela faisait un moment qu’elle avait perdu la notion du temps à vrai dire. S’il n’y avait pas cette petite horloge qu’elle se surprenait quelques fois à aller contempler, elle n’aurait pas réellement d’idée exacte quant à l’heure qu’il pouvait être dans le « monde réel. » Mais dans le fond… Notre jeune Alys aurait aimé que cet endroit soit le monde réel. Elle n’osait le dire à personne, mais ici, tout lui plaisait. Et malgré le fait que son grand père puisse lui manquer, et que notre jeune femme adorerait pouvoir lui montrer toutes ces merveilleuses choses dont elle était spectatrice, Alys ne souhaitait pas vraiment sortir de ce monde. C’était une seconde chance. Une nouvelle vie. Loin de tout, toute cette enfance, tout ce passé. Loin de tout ces murmures et toutes ces moqueries. Elle s’était toujours retrouvée seule durant son enfance, notre Alys. Jamais elle n’avait espéré pouvoir rencontrer des enfants de son âge, ou même oser désirer des amis. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle était heureuse à être le sujet de moquerie préférée du village.

Alors les pokémons, c’était un renouveau, une échappatoire. Pour une fois, elle pouvait être qui elle voulait sans que ça ne gêne personne, sans que personne ne se moque d’elle, sans que personne ne s’en prenne à elle. Bien entendu, y’a bien quelques « mauvaises » personnes ici, comme partout. Mais en ce monde, Alys pouvait être elle-même, pour une fois. Alors oui, elle espérait presque que ce petit monde ne disparaisse pas. Pas tout de suite. Qu’il reste un tout petit peu plus longtemps.

Au cœur de la plaine d’Eridan, elle s’était assise, contemplant un instant le paysage. Le sommet de cette colline était un point d’observation bien pratique, au moins le temps de se reposer.

D’ailleurs, cette petite rousse se dit que ses pokémons aussi pourrait avoir droit à un peu de repos, se détendre les pattes. Se levant lentement, s’étirant longuement, Alys finit finalement par dégainer ses pokéballs, lançant ses deux compagnons dans les airs. L’espace d’un instant, ces jolies sphères d’un rouge écarlate se mirent à luire sous la lumière du soleil qui se couchait lentement, avant que ce fameux éclair bleu bien reconnaissable apparaisse, libérant les pokémons.

Sourire. Qu’est ce qu’ils sont beaux !

Bagel et Elie semblaient bien se porter, et cette idée mettait en joie notre demoiselle qui se jeta sur ses pokémons, les prenant affectueusement dans ses bras en gémissant de plaisir. Le Voltali et le Drabi  se retrouvèrent donc serrés contre notre petite demoiselle toute attendrie. Quelques minutes plus tard, elle laissa s’échapper ses compagnons afin qu’ils puissent enfin aller gambader un peu dans la plaine, sous sa surveillance bien entendu.

C’est alors qu’elle sortit de son inventaire son œuf. Un œuf de pokémon.

Ses longs doigts blancs caressèrent un instant la coquille chaude de cet œuf si mystérieux. Un cadeau de bienvenue qu’elle reçu lors de sa première et dernière connexion au jeu. Elle prit un instant cet œuf si précieux, le plaçant au creux de ses bras, tout contre son cœur. Ce monde n’est pas réel non ? Alors pourquoi est ce que cette jeune fille l’aime presque plus que le vrai ?